Séminaire secondaire 8 - Pourquoi prier ?

Hardouin a écrit:Pourquoi prier ?


Si tout bon aristotélicien détient évidemment un missel dans lequel il peut puiser les prières rituelles, il est bien plus important d’en comprendre la signification essentielle. D’ailleurs gardons-nous bien de stigmatiser la prière informelle ou plutôt spontanément adressée à Dieu.

Tout d’abord, il est besoin de circonscrire le sens de « prier ». La prière est une adresse à Dieu. Elle permet un lien spirituel entre le Très-Haut et l’Homme en prière par le truchement d’un mouvement de l’âme de ce dernier. Il faut toutefois se méfier de ceux qui disent entendre la Voix divine et être en pleine crise mystique tous les matins. En effet, rappelons-nous que Dieu nous a laissé notre liberté et ne veut pas intervenir si ce n’est qu’exceptionnellement dans nos vies ; ce qui ne veut pas dire que Dieu n’entend pas nos prières et ne s’en satisfait pas.
Précisions aussi qu’une prière peut être silencieuse, chantée, ou murmurée, indifféremment, puisqu’en vérité la parole n’a pas ici d’importance, seule compte l’âme du fidèle.

Le sens noble de la prière est donc dénué de toute supplique, il ne s’agit alors que d’une élévation de ses sentiments d’amour envers Dieu. On parle d’adoration.
Dans un autre ordre assez proche, la prière est souvent gage de remerciements envers la bénédiction divine ; rien n’est bien entendu attendu en retour.

Ecoutons Aristote nous parler de la prière intéressée (cf. Livre des Vertus, tome 2, partie I, chapitre 5) :

Le paysan :
« Oh non, jeune homme. Je ne suis qu’un humble paysan. Ma place est ici, non sur l’Olympe. »
Aristote :
« Mais alors, comment pouvez vous croire en la réalité de ces dieux, si vous n’avez point constaté leur existence de vous-même ? »
Le paysan :
«Parce qu’on m’a enseigné qu’ils existaient, et qu’il fallait que je les prie pour que ma récolte soit meilleure, et que mes vaches deviennent grasses. »
Aristote :
«Voilà bien une chose étrange, vous ne priez pas par amour pour le divin mais par appétit terrestre. Je pense pour ma part qu’il est irrationnel de rechercher le matériel dans le spirituel."

Cependant, au sens large, la prière peut s’apparenter à une demande, qui n’en est pas moins un acte de foi, puisqu’on reconnaît la puissance et miséricorde divines. L’Homme est création de Dieu, mais ressent à chaque instant sa contingence. La guerre, la famine, la maladie l’attendent. L’angoisse de la mort s’empare de lui. Il a donc soif d’absolu et de compréhension et se tourne vers Dieu pour y découvrir la réponse à ses peurs. Il confesse au Très-Haut son humilité et son désespoir face aux événements qui l’accablent et finalement, grâce à la prière, il comprend que Dieu ne l’abandonne pas et qu’il l’aime toujours. Devant un tel amour et la perspective du Paradis solaire, l’Homme retrouve la force d’avancer.


La prière est ici en vérité à double destinataire car elle est paradoxalement aussi destinée à l’Homme-même qui prie. Il cherche ainsi à se persuader lui-même par cet acte de contrition et à se sentir renforcé dans sa croyance. Il cherche sa part de divin et la force pour affronter les malheurs…
Devant une telle prière, Dieu peut exceptionnellement décider d’y répondre concrètement, et exaucer par exemple une adjuration, une prière d’action de grâces, ou encore une prière apotropaïque. Mais là ne doit pas être le principal fondement de l’acte de foi car justement la foi est normalement antérieure au miracle. L’adhésion du cœur est gratuite avant tout, rappelons-le-nous.

Parfois, l’Homme demande le pardon pour ses fautes. La prière est là une pleine identification de son péché et c’est déjà beaucoup que de reconnaître ses vices. Faisant cela et toujours devant le divin amour, il se garde de recommencer et regagne l’espoir de renaissance. L’absolution divine est infinie si la prière est sincère et donc si le repentir est authentique. On parle de prières piaculaires.

Ce précis ne se voulait en aucun cas exhaustif, mais assez détaillé pour satisfaire le fidèle en soif d’apprendre.


Concluons par les saintes paroles prophétiques :

« Sachez que l’humain doute par nature, que l’amour qu’il éprouve pour Dieu et pour son prochain peut connaître autant d’aléas que la vie comporte d’épisodes. Mais la vie vertueuse est un idéal vers lequel l’homme doit tendre. Et, dans son chemin, il peut s’aider de la prière. La prière peut en effet être le moyen pour tous de renforcer cet amour lorsque cela est nécessaire. N’oubliez pas non plus la puissance de la miséricorde, qui est accordée grâce à la repentance. »

(in Livre des Vertus, La Vie de Christos, Chapitre XIII « Natchiatchia, et le mariage »)

Quelques exemples de prières connues vous sont présentés ci-dessous. Le credo aristotélicien ne sera pas reproduit, considérant que vous l’avez largement étudié au séminaire primaire.

Grâce à la pensée et la création du Très-Haut,
Nous pouvons vivre sur ce monde.
Grâce à l'éducation du prophète Aristote,
Nous avons retrouvé la voie Divine.
Grâce à Christos montré en exemple,
Nous savons de qui nous inspirer.

Tous les jours nous en sommes reconnaissant,
De vivre et prospérer pour Sa gloire.
Tous les jours nous en sommes reconnaissant,
de vivre dans la Foi et Sa lumière.

La Créature sans Nom,
Essaie de nous détourner.
La Créature sans Nom,
Veut qu'on s'égare de la voie divine.
La Créature sans Nom,
Nous trompe avec ses paroles.

Mais grâce à la raison,
Qui nous donne le pouvoir de résister.
Mais grâce à la Foi,
Qui nous aide à passer les tromperies.
Mais grâce à l'amour,
Que Dieu Créateur et Père nous inspire.

Nous savons nous défendre de la tentation et des péchés.

O Saint Origène
Raffermit nous dans notre Foi en Dieu
Inspire nous l'Amour de l'Etude des Saintes Ecritures
Garde nous de la paresse et de la facilité
Entraîne nous plutôt vers la contemplation de la Gloire de Dieu
Nimbe nous de ta Sainte Connaissance
Et Eclaire nous vers le chemin des Mystères Divins

Aristote,

Aujourd’hui, devant toi,
Simples humains que nous sommes,
Nous ne te demandons rien de futile.

Juste de protéger tes anges,
Tes fils, tes ministres,
Aujourd’hui sur les routes,
Et certainement dans le doute

Certains sont en quête d'un avenir meilleur.
D'autres cherchent à te prouver leur foi,
Donne leur le courage, qu'ils n'aient point peur,
Et par la lumière montre leur la voie.
Amen

Les cantiques des idées, de Timviking :

Sur l'essence des choses:

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une chose inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, que j'aime et je comprends.

Car elle me comprend, essence illuminant
Par elle seule, divine ! La chose est la chose-même !
Par elle seule, et sa forme dans la lumière blême,
Elle seule se sait faconner, en dansant.

Est-elle chose essentiellement ? - Je le sais.
Sa forme ? - Je me souviens qu'elle est belle, mesurée,
Comme celle des beautés que Dieu proportionna.

Son aspect est pareil à l'aspect de l'eau pure,
Et par son chant si clair et calme et grave, on a
L'impression que son chant recrée la chose, sûr !

Sur la sagesse:

Je veux mourir pour tes beautés, Sagesse,
Pour ce bel oeil qui sait voir le destin,
Pour ce doux ris, pour la Cité enfin
De pierre et de bois, de la vie la Maîtresse.

Je veux mourir pour cette forteresse,
Pour les légumes de ce bien beau jardin,
Pour la rigueur de cette Juste Main,
Qui soigne les gentils, et les méchants blesse.

Je veux mourir pour le bon entretien
De cette mine dont le produit devient
Économie, cette richesse dispose.

Je veux mourir aristotélicien,
Donnant mon sang, la Cité défendant,
Protégeant la vie de la belle chose

Sur la Beauté:

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
De la parfaite hémistiche
Aimant la mesure
Céleste césure,
Faisant pâlir le pastiche.
Les vers ciselés
Bien proportionnés
Pour mon esprit ont les charmes
Si harmonieux
Du plus haut des Cieux
Brillant à travers tes larmes.

Là tout n'est qu'ordre et beauté,
Paix, foi, et volupté.

Les divins présents,
Créés du néant,
Qui précédait notre monde;
Les plus rares fleurs,
Leur terre, rondeur
Et les cercles purs de l'onde,
Les riches buissons,
Océans profonds,
La splendeur virginale,
Tous nous parlent en fait
À l'âme en secret
Sa belle langue natale.

Là tout n'est qu'ordre et beauté,
Paix, foi, et volupté.

Vois sur ces batârds
S'écraser le hasard,
la chaotique ironie,
Car pour assouvir
Leur moindre désir,
Ils ont brisé l'Harmonie.
La beauté résulte,
Le bonheur exhulte
De nos rythmiques prières
Et du nombre d'or,
l'Éternel effort
Fait rejaillir la Lumière.

Là tout n'est qu'ordre et beauté,
Paix, foi, et volupté.

EXERCICE :

Vous écrirez une prière de confession (pour ceux qui ont suivi le séminaire lescurien, il va sans dire que vous ne pouvez reprendre la prière que vous avez déjà écrite au cours du cursus).
Vous écrirez un hymne, i.e un chant de louange en vers.
Vous écrirez, à la façon du cantique des idées, un hymne sur la beauté.


Ecrit par Hardouin, frère lescurien